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Le rôle du barème Dintilhac dans l’évaluation du préjudice corporel

Lorsqu’une personne subit un dommage corporel grave, la question essentielle qui se pose est celle de la juste indemnisation.
Comment traduire la souffrance, la perte d’autonomie ou les séquelles d’un accident en termes juridiques et économiques ?
C’est pour répondre à cette difficulté qu’a été créée la nomenclature Dintilhac, véritable pilier de l’évaluation du préjudice corporel moderne.

1. L’origine du barème Dintilhac : harmoniser pour mieux réparer

Avant 2005, chaque juridiction, chaque assureur, parfois chaque expert, utilisait ses propres catégories de préjudices.
Les indemnisations variaient fortement d’un tribunal à l’autre, créant une inégalité flagrante entre les victimes.

Pour remédier à cette situation, un groupe de travail présidé par le magistrat Jean-Pierre Dintilhac, alors président de la deuxième chambre civile de la Cour de cassation, a établi une nomenclature commune des postes de préjudice.
Publiée en 2005, cette nomenclature — souvent appelée à tort “barème Dintilhac” — n’a pas valeur de loi, mais elle constitue aujourd’hui la référence incontestée pour les experts, les assureurs, les juridictions et les avocats.

Son objectif était clair :

assurer l’unité, la cohérence et la transparence dans l’évaluation du dommage corporel.

2. Une structure méthodique du préjudice corporel

La nomenclature Dintilhac distingue les préjudices patrimoniaux (ayant une incidence économique) et les préjudices extra-patrimoniaux (atteintes à la personne, à la qualité de vie ou à l’intégrité).

A. Les préjudices patrimoniaux

Ils recouvrent les conséquences financières du dommage :

 

B. Les préjudices extra-patrimoniaux

Ils concernent les aspects plus subjectifs du dommage :

 

Cette distinction, rigoureuse, permet d’éviter les doubles indemnisations et de garantir la réparation intégrale, principe cardinal du droit français.

Pour sécuriser l’indemnisation de chaque poste, l’accompagnement par un avocat en dommage corporel est indispensable afin d’obtenir réparation complète et adaptée.

3. Comment le barème Dintilhac est-il utilisé ?

Le barème Dintilhac sert de grille d’analyse à toutes les étapes du processus indemnitaire :

 

    1. Lors de l’expertise médicale, pour identifier les conséquences directes de l’accident.

    1. Lors de l’évaluation juridique, pour chiffrer chaque poste selon des références jurisprudentielles.

    1. Lors des négociations avec l’assureur ou l’ONIAM, pour structurer la demande et éviter les oublis.

Chaque poste de préjudice est évalué séparément, puis additionné pour obtenir un montant global d’indemnisation.
Ce découpage méthodique renforce la transparence et facilite la comparaison entre dossiers, tout en laissant une marge d’appréciation aux juges et aux avocats.

Ainsi, l’indemnisation d’une victime n’est plus une estimation arbitraire, mais une construction juridique et médicale rationnelle.

4. L’apport du barème Dintilhac dans la pratique

Le barème Dintilhac a profondément transformé la pratique du dommage corporel.
Il a permis :

 

Il constitue également un outil pédagogique : la victime visualise l’ensemble des préjudices qu’elle peut faire valoir, y compris ceux que les assureurs omettent souvent (préjudice sexuel, aide humaine, préjudice scolaire, etc.).

5. Les limites du barème Dintilhac

Aussi utile soit-elle, la nomenclature Dintilhac n’est ni contraignante ni exhaustive.
Elle ne prévoit pas certains préjudices émergents, notamment ceux liés :

 

De plus, les montants demeurent variables selon les juridictions : le barème ne fixe aucun chiffre, il organise la méthode, laissant au juge la liberté d’appréciation.

Ainsi, deux victimes présentant des séquelles similaires peuvent percevoir des indemnisations sensiblement différentes selon la région, la cour d’appel ou la qualité de la défense.

C’est pourquoi le rôle de l’avocat spécialisé reste essentiel : il maîtrise la jurisprudence locale, sait argumenter sur les critères d’évaluation et veille à ce que chaque poste soit examiné dans toute sa portée.

6. L’importance de l’avocat dans l’application du barème Dintilhac

L’application du barème Dintilhac exige une expertise juridique et médicale fine.
L’avocat en dommage corporel :

 

Il adapte aussi l’argumentaire au profil personnel de la victime : un même taux d’invalidité n’aura pas la même incidence pour un artisan, un étudiant ou un retraité.
Le barème Dintilhac n’est donc pas un tableau figé, mais un outil de justice individualisée, que l’avocat transforme en instrument de reconnaissance.

Conclusion

Le barème Dintilhac a révolutionné la réparation du dommage corporel en apportant une méthode, une rigueur et une cohérence indispensables.
Mais il n’est qu’un cadre : c’est l’analyse humaine et juridique de l’avocat qui lui donne tout son sens.
Là où les chiffres ne suffisent pas, l’avocat fait entendre la voix de la victime, pour que la justice prenne la mesure de la vie bouleversée derrière chaque dossier.